jeudi 16 mars 2017

American Psycho


Talking Heads - Psycho Killer


   Aujourd'hui, je souhaiterais partager avec vous ma découverte du roman American Psycho, de Bret Easton Ellis, et de son adaptation au cinéma. 

Avez-vous lu le livre ou vu le film qui en est tiré ? J'espère que vous trouverez cet article intéressant, j'attends vos avis ! 

   Dans le cadre d'une grande réformation de moi-même, et certainement pour compenser mes lacunes en maths et en histoire (après trois ans de licence à étudier l'Histoire des Etats-Unis, je suis toujours incapable de retenir la date de leur déclaration d'Indépendance - une rapide recherche sur Google m'indique que j'étais à un an près), j'ai décidé d'étendre ma culture générale (sans aucun doute actuellement proche du néant), et ce par le biais du cinéma et de la littérature, en m'intéressant à des œuvres reconnues. 

Et aussi parce que j'adore le cinéma et la littérature - deux arts que j'ai délaissé bien trop longtemps pour internet. 

C'est donc ainsi que je me suis mise à lire American Psycho, l'un des livres les plus vendus aux Etats-Unis (ce qui ne veut pas dire chef d'œuvre). 
Le roman relate les monotones et sanglantes tribulations d'un riche jeune homme, Patrick Bateman, vivant à New York dans les années 80, à la première personne. Monotones, car le faste du luxe et du consumérisme s'avère bien souvent d'un ennui mortel pour celui qui nage en plein dedans mais aussi pour celui qui le lit. Sanglantes, car le narrateur est en fait un tueur en série

Quand j'ai commencé à lire le livre, j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans le récit, à cause des interminables descriptions faites à propos des tenues des personnages, de l'ameublement des pièces, des soins du visage et d'autres détails insignifiants de la vie de Bateman. Il faut bien entendu y voir ici une satire du matérialisme régissant la société américaine, cependant on peut se demander ce qu'apportent réellement ces passages, presque publicitaires, car ils sont tellement imbuvables que j'ai fini par ne plus les lire. 


Passé les premiers chapitres (ils sont courts et nombreux), on commence à comprendre la psychologie du narrateur. Ce dernier prend un malin plaisir à dénoncer l'absence de communication entre ses pairs en leur confessant ses pulsions meurtrières qu'ils n'entendent pas, n'écoutent pas. 
C'est alors que sont décrites les premières scènes de crime - et à partir de là, elles deviennent de plus en plus fréquentes, cruelles et détaillées. Des scènes de sexe tout aussi explicites s'ajoutent au récit, se mêlant progressivement à la torture et à l'horreur
En parallèle, le protagoniste poursuit son train de vie impunément.

Arrivée à ce stade du roman, je me suis retrouvée habitée par une curiosité morbide et malsaine d'en lire plus mais aussi et surtout par un désir d'obtenir des réponses (pourquoi commet-il tous ces meurtres ?!) et de voir l'assassin puni.

Je ne vous en révèle pas plus sur la fin du roman, mais je vous livre tout de même mon interprétation (ne lisez pas ça si vous souhaitez découvrir le roman sans influence extérieure): les crimes du narrateur ne sont que le fruit de son imagination, et sa folie grandissante en est la preuve. 
Et si j'ai choisi cette interprétation, c'est tout simplement que j'étais trop horrifiée par les scènes de torture, dont les détails insoutenables résonnaient en moi, pour accepter qu'ils aient eu lieu, même dans la fiction, haha.

Christian Bale dans American Psycho, Mary Harron, 2000. U.S.


Alors que nous échangions sur American Psycho, mon copain m'a fait part de ce commentaire de David Foster Wallace qui visiblement n'appréciait pas les talents d'écrivain d'Ellis puisqu'il lui reproche d'entretenir le consumérisme qu'il dénonce, en ne proposant aucune alternative. Il ironise, imaginant ce que pourrait dire un lecteur au sujet de ce roman:

“Golly, what a mordantly effective commentary on contemporary materialism!” But we already “know” U.S. culture is materialistic. This diagnosis can be done in about two lines."

«"Voilà un commentaire terriblement mordant et efficace sur le matérialisme contemporain !" Mais nous sommes déjà au courant que la culture américaine est matérialiste. Le diagnostic peut être fait en deux lignes.»   

Cette citation nous a fait rire, car il est vrai, comme je vous le disais, que les passages décrivant tout le matérialisme qui entoure le personnage sont très ennuyeux et servent peu le récit.
Cependant, là où l'auteur réussi, selon moi, c'est qu'il ne captive pas non pas ses lecteurs par la dénonciation du matérialisme, mais par des scènes choquantes et faisant appel aux instincts primaires de l'homme. Concrètement, quand on lit American Psycho, c'est pour l'histoire du serial killer plus que pour le reste, et  on se sent honteux d'éprouver un certain plaisir à lire ces scènes de sang et de sexe.

Au final, Ellis, en manipulant ses lecteurs, en titillant leur curiosité, aussi pernicieuse soit-elle, dénonce avant tout le manque d'humanisme de la société. A travers ce personnage détestable pour qui seul l'argent et les possessions comptent, il dépeint une société torturée entre quête de pouvoir, de domination, de violence et une quête plus intime, plus enfouie, du bonheur dans toute sa simplicité, sur laquelle Wall Street n'a aucune influence.

J'ai trouvé cette lecture très intéressante, propice à réflexion et à interprétion, et distrayante de par son côté "thriller" qu'on pourrait qualifier... de mordant ;)


Pour conclure cet article, j'aimerais vous présenter brièvement l'adaptation cinématographique de American Psycho, réalisée par Mary Harron en 2000.

Ayant lu le livre avant de voir le film... j'ai été déçue. Je suppose que j'aurais plus apprécié le film en l'ayant vu avant, mais cela aurait dénaturé ma lecture et finalement, j'ai pensé que c'était peut-être ainsi qu'on déterminait si une adaptation était bonne ou pas: en la regardant après.
Je sais qu'on ne juge pas une adaptation selon sa fidélité au scénario original, mais cela reste pour moi un critère important, je trouve cela très perturbant quand les événements de la fiction sont mélangés entre eux. De plus, je n'ai pas ressenti dans le film l'atmosphère de plus en plus lourde et l'évolution de la psychologie du personnage que j'ai trouvées importantes dans le livre.

L'entrée dans le vif de l'histoire est très rapide et abrupt, je l'ai trouvée assez maladroite, et j'aurais aimé retrouver cette lente progression présente dans le livre avant d'assister aux scènes sanglantes.

J'ai bien aimé le choix de l'acteur principal, il a cet air sarcastique propre au personnage du roman.
En somme, ce n'est pas le pire film que j'ai vu, je pense qu'il est plutôt distrayant surtout si on n'a pas lu le livre dont il est tiré.

xxx


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